Arthur Theate et la recherche de l’accomplissement

Ambassadeur du programme Bouge !, avec Lorenz Assignon, l’international belge a toujours bercé dans le sport, près d’un papa footballeur. Une propension à se mouvoir et à se défouler que tous les enfants n’ont pas la chance de connaître. Mais bouger, pour notre défenseur Rouge et Noir, c’est avant tout un quotidien rempli de multitudes de tâches satisfaisantes, dénuées de toute performance.

Arthur, les récentes études sur la sédentarité que l’on peut voir un peu partout ne sont pas très rassurantes. Es-tu étonné de ces derniers constats ?
Ça ne m’étonne pas trop. Je pense que le Covid n’a pas arrangé les choses. Les gens ont dû rester beaucoup devant la télé, sur leur téléphone. Les ordinateurs, les tablettes et les écrans en général prennent beaucoup de place dans les foyers. Il faut être honnête, ce n’est pas bien. À mon époque, quand j’étais petit, il n’y avait pas tout ça. On était obligé de sortir, aller jouer avec les copains si on voulait les voir. C’est pour ça qu’on était très actif. Aujourd’hui, très tôt, on a des tablettes et des téléphones. Les réseaux sociaux émergent, c’est un gros problème je pense. Et c’est même devenu le problème des adultes. Quand on va sur les réseaux sociaux, on ne voit pas le temps passer.

« Se mettre en action, c’est bon pour la santé mentale. »

Quelle est ta relation avec les écrans ?
En tant que footballeur professionnel, on a un certain lien à entretenir avec les fans. On est presque obligé d’utiliser les réseaux sociaux. À part pour les matchs de football, je ne regarde presque jamais la télé. Ce n’était pas un problème quand j’étais enfant, on n’avait qu’une télé à la maison. Et encore, c’est papa ou maman qui choisissait ce que l’on regardait (rires). Je ne suis pas un pratiquant de jeu vidéo non plus. Le téléphone un peu, car j’habite loin et je suis donc beaucoup en facetime pendant la journée avec la famille et les amis.

Quelle est ta définition de « Bouger » ?
Ce n’est pas forcément pratiquer du sport tout le temps mais être actif. Se mettre en action, c’est bon pour la santé mentale. Pour les plus jeunes, c’est sortir et retrouver ses amis au lieu de les voir en facetime. C’est aussi aller faire les courses avec sa maman ou son papa, aider dans le jardin. Rien que ça, c’est être actif. Ce n’est pas rester dans le canapé devant son téléphone, c’est d’abord être actif au quotidien. L’assiette, elle n’a pas de mains ni de pieds. À la maison, on doit aider. Ça commence par ça la vie active. Ensuite, faire du sport, c’est encore mieux.

Un footballeur professionnel, passionné depuis tout petit, n’a jamais connu la sédentarité…
On a largement notre dose mais c’est ce que l’on aime, ce que l’on a choisi. On fait beaucoup de sport, c’est un rythme à tenir mais ça nous fait beaucoup de bien pour la santé mentale. Ça permet d’évacuer et de dépenser notre énergie. Je suis très content de faire ce métier.

Ambassadeur du programme Bouge !, as-tu besoin aussi de l’être pour ton entourage, pour des personnes qui se montreraient un peu trop passives ?
Dans ma famille, beaucoup de personnes font du sport, ou alors ce sont des personnes qui travaillent beaucoup, qui bougent beaucoup. Ça dépend d’où l’on vient. Mon papa a fait beaucoup de sport, j’allais avec lui au foot. Ma sœur a pratiqué plusieurs sports, on l’a toujours accompagnée. J’ai eu la chance d’être bien entouré quand j’étais petit.

« Les gestes du quotidien peuvent donner de la fierté »

Que dirais-tu à quelqu’un qui subit un mode de vie trop sédentaire ?
Les gestes du quotidien peuvent donner de la fierté, le sentiment de satisfaction d’avoir une journée bien remplie. Quand on revient du sport, on a aussi ce sentiment. C’est comme le travail, quand on revient d’une journée productive, on se sent bien le soir. En remplissant des objectifs bien précis, on se sent mieux mentalement et plus serein, quelle que soit l’ampleur de la tâche. Ça permet de gagner en confiance. Mais ça ne vient pas tout seul, il faut en prendre conscience. Si je n’ai pas envie d’aller à l’entraînement le matin, à reculons, il y a 90% de chances que je m’entraîne mal.

Es-tu un homme de rituel ?
C’est surtout avec le club, on commence et on termine souvent à la même heure. Quand je rentre à la maison, je fais souvent les mêmes choses. Je réalise chaque petite chose du mieux possible. Je fonctionne comme ça pour ne pas avoir de regret et gagner en confiance. Et je pense aussi que l’on dort mieux quand on a accompli plein de petites choses. Mais il faut savoir aussi casser la routine et se faire plaisir de temps en temps. Quand on travaille bien ou que l’on a fait quelque chose, il faut savoir se récompenser d’une manière ou d’une autre, de façon mesurée.

« S’inscrire à des associations sportives, ça permet de faire des rencontres, se faire des amis. »

Penses-tu que c’est aux parents de proposer des alternatives ?

Il y a des parents qui travaillent beaucoup et qui n’ont pas toujours beaucoup de temps. La facilité, c’est la tablette ou la télé. Le problème, c’est qu’à l’école tout le monde en a, on te parle de telle ou telle vidéo. Sans interdire, il faut limiter le temps d’écran. À la place, il faut inviter les jeunes à s’inscrire à des associations sportives. Ça permet de faire des rencontres, se faire des amis, ça change des personnes que l’on voit toute l’année à l’école.

Tu étais quel genre de garçon quand tu étais plus jeune ?
J’étais très actif, dans le sens où quand je rentrais de l’école, je voulais encore jouer au football avec mes amis ou mon papa. Il fallait même me freiner. À quatre ans, je voulais déjà jouer dans un club mais ce n’était pas possible, j’étais trop jeune. C’était à partir de cinq ans à la base. Mes parents ont insisté et les entraîneurs ont accepté. Je ne pouvais pas jouer mais je pouvais m’entraîner avec les autres enfants du club. C’est mon papa qui m’a mis le pied à l’étrier.

Plus généralement, quel regard portes-tu sur le programme Bouge ! ?
Je suis fier de pouvoir être l’ambassadeur de la cause avec Lorenz Assignon, surtout depuis le Covid. Il y a des jeunes et des adultes qui ont pris de mauvaises habitudes et qui passent de plus en plus de temps sur les écrans. Faire moins de sport, c’est se fragiliser physiquement et mentalement. Ce que je peux conseiller, c’est de faire les choses à fond, pour ne pas avoir de regrets. Il ne faut pas avoir peut de l’échec, avancer et ça paiera.