Au-delà des préjugés avec « Bouge! »
Après une immersion au Centre Pénitentiaire de Rennes-Vezin et à l’Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique (ITEP) Tomkiewicz de Betton en fin d’année 2021, le programme « Bouge! » a conduit les U19 du Stade Rennais F.C. à partager le temps d’une soirée la condition des personnes en situation de handicap et plus particulièrement les pratiquants de basket-fauteuil.
« Je ne connaissais pas cette discipline. C’est vraiment dur. » C’est le premier constat de Noah Maboulou qui, avec ses camarades de l’Académie, s’est rendu jeudi soir au Gymnase des Hautes Ourmes à Rennes. Une opération qui s’inscrit dans le programme « Bouge! » auquel les jeunes de l’Académie apportent leur contribution. « Ça fait partie du projet de formation. L’ouverture au monde et aux autres, c’est très important pour nous. Ils se confrontent à la réalité de la vie et ses difficultés » explique Denis Arnaud. Pour mener à bien cette sortie, le Directeur de l’Académie a pu compter sur Vincent Françoise. « Je suis missionné au centre de formation pour construire un projet éducatif auprès des jeunes. On les sort de leur zone de confort afin qu’ils puissent partir à la rencontre d’autres publics. C’est une nouvelle façon de penser l’accompagnement des jeunes dans les centres de formation » étaie le responsable du projet éducatif à l’Académie. « On cherche à travailler sur le développement personnel et aider les jeunes à comprendre le monde qui les entoure, que ce soit la discrimination raciale ou de genre, la découverte du monde de l’entreprise, la rencontre avec des personnes en situation de handicap… c’est un projet varié qui permet au jeune de semer des graines pour construire l’adulte qu’il sera plus tard. Au-delà du footballeur, on peut avoir une identité de citoyen, bénévole ou de personne engagée vis-à-vis de l’autre. C’est une source de reconnaissance différente. On leur donne une opportunité de se sentir utile et compétent pour autre chose que le football. Ça développe aussi une autre estime de soi car tous ne seront pas footballeur professionnel. Ça permet de les préparer. Mais ce n’est pas une mission qu’on leur impose, ils prennent beaucoup de plaisir à participer à ces activités. »
Et pour comprendre, rien de mieux que la pratique. Ainsi, 11 joueurs U19 et Pro2 se sont installés dans des fauteuils roulants spécialement adaptés à la pratique du basket-fauteuil. Une fois la prise en main effectuée, place au match. Une découverte qui s’avère alors plus difficile que prévue, comme le répète Noah Maboulou, attaquant de la génération 2005 : « Ça tire beaucoup sur les bras. Il faut gérer le fauteuil et le ballon, les espaces… c’est un sport très compliqué et technique, ça m’a surpris. Je ne pensais pas que c’était aussi dur. » Même impression pour Ewen Tondeux, défenseur : « On n’est pas habitué. On aimerait se servir de ses jambes pour jouer au basket, c’est particulier. On ne dirait pas comme ça, mais c’est très physique. Même si on fait de la muscu, on sent que ça travaille les bras. On se rend compte de la chance que l’on a d’être en bonne santé. Les pratiquants nous expliquent bien, c’est cool d’échanger avec eux. »
Aujourd’hui, beaucoup de personnes en situation de handicap n’osent pas s’orienter vers le handisport, alors que pourtant « nous sommes dans des fauteuils mais nous sommes aussi le reflet de la société. On a des quotidiens de gens normaux, on travaille la journée comme tout le monde, et le soir on s’éclate au sport comme n’importe qui. C’est notre défouloir » témoigne Pierre, 33 ans, commercial. « Ça fait plaisir de leur faire partager ça. J’imagine que leur quotidien est très différent du nôtre. C’est bien pour eux de voir que ça existe. À leur âge, c’est bien de pouvoir pratiquer, c’est la meilleure façon de se rendre compte de notre mobilité. Ils peuvent constater que c’est un vrai sport. C’est exigeant. Ils auront tous des courbatures aux bras après le réveil ça c’est sûr (rires). »
Le match retour se tiendra bientôt à l’Académie pour une visite des installations et notamment la remise d’un chèque de 2.000 euros par le Stade Rennais F.C. qui servira au financement d’un fauteuil de basket.